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La chapelle de Massimo Vitali par Patrick Rémy De cette église classée datant du XIVe siècle, le photographe Massimo Vitali a fait sa maison. Un loft s’inscrivant dans un écrin patiné par les ans. Visite guidée au fil des photos signées par le maître lui-même.

De cette église classée datant du XIVe siècle, le photographe Massimo Vitali a fait sa maison. Un loft s’inscrivant dans un écrin patiné par les ans. Visite guidée au fil des photos signées par le maître lui-même.

Massimo Vitali est un homme patient. Quand il photographie une plage en plein soleil, il peut rester des heures sur sa plateforme de trois mètres de haut avec sa chambre photographique à portée de main, pour trouver le bon angle, non pas l’instant décisif cher à Henri Cartier-Bresson, mais plutôt le petit «  truc  » qui fera la différence  ! Pour sa maison, il a attendu plus de dix-sept ans  ! Né à Bologne, Massimo Vitali, au gré de sa profession – il a été reporter et chef opérateur à Cinecitta –, a eu plusieurs maisons, mais l’appel de la campagne s’est fait sentir quand Annette Klein, son épouse allemande et, à la ville, historienne du bijou, attendait leur enfant.
Ils se sont donc décidés pour la charmante ville de Lucques, en pleine Toscane… et pas trop loin des plages qu’il a commencé à photographier il y a tout juste vingt ans. En visitant la ville, Massimo Vitali a tout de suite craqué pour une église du XIVe siècle, fondée par la Compagnie de la Croix puis transformée, entre autres, en entrepôt de matériel de plomberie. . Les propriétaires étaient prêts à la céder… mais pour une fortune. Après dix-sept années de persévérance, sous la menace du toit qui menaçait de s’effondrer, le photographe a enfin pu en faire l’acquisition.

Après une inspection au peigne fin par des archéologues, les travaux de rénovation ont commencé, menés par les architectes Paula Sousa et Paolo Sabatini Bertoncini, et ont duré… plus de dix-huit mois. En effet, en Italie, les églises abandonnées et désacralisées sont courantes mais la loi interdit d’y ériger de nouveaux murs et d’en casser la structure. Il fallut donc monter une ossature suspendue pour les chambres, la salle de bains et la bibliothèque.
«  J’aime les grands espaces et les points de vue élevés. La grandeur est perceptible, pas le vide  », s’exclame Massimo Vitali. C’est pour cela que les murs sont restés en l’état et font apparaître, après grattage et nettoyage, ici des briques, là des fresques ou, dans la chambre d’Otto, la voûte gris bleu – «  la couleur du ciel après le coucher de soleil  », dixit le maître de maison. Dans la chambre du couple, c’est un slogan «  militaire  » qui apparaît  : «   Croire. Obéir. Combattre   », souvenir du temps où la chapelle était utilisée comme salle de boxe par les Jeunesses fascistes. Sur les murs, ne cherchez pas une photo de Massimo Vitali. Pas de plages, de piscines et autres night-clubs qui ont fait son succès (son travail est entreposé dans son studio tout proche)… mais plutôt des œuvres classiques   : un ange de Tiepolo ou de l’un de ses disciples, un portrait allemand du XIXe trouvé sur eBay, une statue en céramique de Pietro Melandri, cadeau de mariage de monsieur Vitali père à la mère de l’artiste.

Les meubles, comme le vaisselier ou un buffet dans la chambre, viennent directement de l’atelier de son grand-père ; les chaises ou le sofa Sherazade de Francesco Binfaré ont été achetés, eux, directement à l’usine de l’éditeur Edra de Perignano, à quelques kilomètres de là ; et l’immense table de la salle à manger avec son plateau en châtaignier a été réalisée par le photographe lui-même. Côté éclairage, la pièce principale profite de la lumière naturelle que procurent les fenêtres situées dix mètres plus haut, à laquelle a été ajouté un dispositif aux leds réalisé par la designer polonaise Rada Markovic.
Le dernier chantier en date reste la transformation du  parking goudronné en éden luxuriant. Massimo Vitali s’est ainsi trouvé une autre passion,  plantant orangers, mandariniers et citronniers. Pendant que les arbres poussent, l’artiste, qui a, on peut le dire, un travail saisonnier – ne travaillant que sur des plages estivales, remplies de vacanciers –, a passé l’été à photographier celles de Sicile et de Sardaigne, puis s’est envolé en repérage vers la Colombie et… ses plages !

PAR PATRICK REMY

HERE THE LINK: http://www.admagazine.fr/decoration/visite-deco/diaporama/le-loft-et-la-chapelle/24019#le-loft-et-la-chapelle#K5RRBp5WrjmIKBgE.01

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