Description
Limited Edition 80 copies
1er juillet 2007, Fersen 6 ans et Eva 4 ans quittent Paris pour vivre à 900
km. La distance qui nous sépare désormais est à la hauteur du lien qui
nous lie. Leur mère a toujours beaucoup voyagé, jusqu’ici cela renforçait la relation que j’entretenais avec mes enfants, mais cette fois son départ nous sépare.
Un projet a alors pris corps. Leur enfance s’entremêlent au souvenir
de la mienne et cette séparation, à la mort accidentelle de mon père
lorsque j’avais 10 ans. Éclipsée la figure paternelle, je me suis contenté
de petites choses et ai moins bien dormi la nuit. Quant à mes enfants,
ils n’ont pas eu le temps de tuer le père, le héros a eu la vie trop courte.
J’ai photographié ce que je ne saurais exprimer autrement, des nœuds
qui parfois étranglent ou enlacent.
Restituer cette nouvelle relation a permis un lâcher prise ; et l’empreinte
photographique qui se centrait sur ma vie en leur absence m’a permis
de passer des moments difficiles, de rendre visibles certains aspects
jusque-là considérés comme relevant de l’intimité. L’interprétation des
photographies présentées par chacun des membres de la famille n’est
jamais close, elle constitue autant de traces qui peuvent être réinterprétées.
Ce projet a rassemblé plusieurs médias. Au-delà de la photographie
— réalisée avec différents appareils et formats —, il associe aussi des
dessins, des textes ainsi que la réalisation d’un carnet et d’un court-métrage photographique.
Le temps a passé sur cette série, débutée il y a 9 ans. Son interprétation
constitue un roman familial et une aventure individuelle faite de souvenirs personnels mais aussi de photographies de proches.
Le temps a passé sur ma vie. Cette série affronte à sa manière, le plus
terrible. D’où je viens, ce que je reproduis, ce que je refuse de reproduire, ce dont je ne pourrai pas me défaire : la mort d’un père, la naissance de mes enfants, une séparation et enfin la recomposition d’une
autre famille.
Au fur et à mesure de sa réalisation, la série est passée, comme moi, par
plusieurs stades : au début elle certifiait d’un contexte, authentifiait de
blessures et ratifiait de cicatrices, puis à partir de 2013 elle s’est mise
à signifier. Je n’ai plus photographié « pour l’autre », mais « pour moi ».
En abordant la figure paternelle, j’ai pris conscience de liens qui lient et
délient les photographies.
Le père n’étant jamais tel qu’on l’imagine, il est condamné à être imparfait et faillible. Mais c’est grâce à ces manques et à ces fragilités que
chacun peut aussi se construire.
Cette série révèle peut-être qu’il n’y a que des pères, sujets d’histoires
singulières qui, juxtaposées, finissent par dessiner une réalité plus
subtile : le père est toujours une mosaïque d’images mêlant réel et imaginaire.
Cette mosaïque n’est jamais complète, et tout comme moi aujourd’hui,
chacun passe sa vie à chercher la pièce manquante, celle qui viendra
parfaire le tableau.
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